RESPIRATION

Chère Étoile,

Quand j’étais plus jeune, j’avais parfois du mal à respirer. Ça a commencé la dernière année de lycée. Dans le bassin de la piscine municipale, un jour j’ai perdu mon souffle et il m’a fallu presque dix années pour le retrouver. 

Une autre fois, j’étais comme à mon habitude, tout à fait en retard pour le premier cours de la journée et il me fallait tracer à vélo le trajet de trente minutes en quinze, à peine assise au bureau vide de ma classe, que j’ai perdu mon souffle à nouveau. Et devant tout le monde, la crise a commencé. 

Alors oui, tu me diras que j’étais dans ces deux situations littéralement à bout de souffle, épuisée par un effort physique. C’est pas faux. Mais il y avait autre chose. Lorsque ma respiration semblait ne plus vouloir fonctionner normalement, que mes poumons hyper-ventilaient, à la recherche d’oxygène, et que la panique inondait mes yeux, c’était un vide immense qui alors entrait en moi et prenait possession de mon corps. Chaque crise était suivie d’un accès de larmes puis d’une extrême fatigue. Elles se sont rapprochées et intensifiées. Ma mère était un peu désemparée et m’a envoyée chez notre docteur généraliste, le bon vieux médecin de famille qui nous administrait nos vaccins depuis gamines. Il m’a placidement informée que mes crises dites de spasmophilies étaient psychosomatiques et m’a prescrit du Xanax. J’avais dix-huit ans. 

Pendant plusieurs années, l’idée même de ne pas avoir sur moi, dans mon sac à dos ou dans une poche de mon manteau un anti-anxiolytique, m’angoissait terriblement. Le remède était devenu la cause! J’étais persuadée que sans ce petit cachet blanc, je ne pouvais pas surmonter les crises et j’avais beau savoir que ma psyché m’envoyait un message et qu’il me fallait l’écouter, j’étais complètement choquée par la violence avec laquelle je pouvais perdre le contrôle sur une chose aussi simple et essentielle, LA RESPIRATION. 

J’étais déconnectée de mon corps, trahie par lui. Si bien qu’un jour, âgée de 22 ans et supposée vivre ma meilleure vie d’étudiante Erasmus à Berlin, au beau milieu d’une conférence littéraire, la crise est devenue tétanie. Je n’arrivais plus à utiliser les muscles de mon visage et de mes mains. Suivant les borborygmes que je lançais, un ami a sorti de mon sac ce qu’il croyait être LE cachet. La crise s’est rapidement arrêtée et je suis allée me coucher. J’ai plus tard réalisé qu’il s’était trompé dans les tablettes et qu’il m’avait donné un pansement gastrique pour les brûlures d’estomac… Ô quelle joie de réaliser cette erreur et son effet placebo! J’étais libre. J’étais capable de reprendre le contrôle. Mais pour cela il me fallait laisser aller. Accepter la blessure. Demander de l’aide. 

Après de nombreuses tentatives et échecs pour me soigner, j’ai finalement entamé un travail psychologique de fond avec une professionnelle. Et puis en parallèle, j’ai découvert la pratique du yoga et de la méditation. Dix ans plus tard, j’entrais dans une nouvelle salle de classe qui allait me permettre de retrouver la respiration perdue. La salle de Yoga d’Étoile Chaville. 

Merci Étoile 

Fanette

***

Voyage intérieur

Note aux lecteurs: ce texte a été écrit à la suite d’une toute récente session de yoga et de méditation en ligne avec Étoile Chaville, professeure de yoga, comédienne et danseuse professionnelle basée à Berlin. Si ces écrits n’ont a priori pas de lien avec mon voyage à moto en Australie, ils y sont pourtant essentiellement liés. Après plusieurs mois d’inactivité sur ce blog, les coachings en direct d’Étoile me permettent non seulement de reconnecter – littéralement – avec des éléments positifs de ma vie passée berlinoise, mais aussi de renouer avec l’écriture. Les sujets abordés dans ces lettres sont ceux abordés lors du séminaire, j’aborde des thématiques extrêmement personnelles de mon passé, qui me font réaliser tout le chemin parcouru qu’il soit intérieur ou sur les routes !

Un avis sur « RESPIRATION »

  1. quand on est capable d’enchaîner à vélo ( de + de 10 kilos) la Hourquette d’Ancizan et le col d’Aspin, on peut dire que la respiration est bien en place !

    michel mombet

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