Chère maman,
Des fois j’imagine qu’une petite caméra me suit dans mes péripéties bouffonnes et te retransmet les images de ma réalité, à visionner pendant que tu bois ton café au petit déjeuner.
Cette caméra elle t’aurait fait voir comment l’autre jour, parce que j’avais mal fermé la porte du poulailler, toutes les poulettes s’étaient fait la malle et qu’il ma fallu aller les capturer dans le prés. J’étais en pyjama, claquettes-chaussettes, en train de courir derrière le dernier coq récalcitrant avec le filet dans une main et un sot de graines dans l’autre. Évidemment les chèvres et les agneaux ont cru que j’étais là pour leur donner à béqueter et ce sont tous mis à me courir après dans un brouhaha affamé. Le coq était complètement paniqué. Moi aussi. J’ai largué le sot au sol et j’ai enfin réussi à coincer le gallinacé survolté quand j’ai, avec horreur, constaté que l’un des agneaux s’était bloqué la tête dans la anse du sot et courrait à tout va en bêlant frénétiquement et répandant toutes les graines au sol. Évidemment les oies, alertées par tout ce ramdam, sont venues s’ajouter au brunch champêtre improvisé et tout ce beau monde me filait le train alors que je tentais de m’évader avec le sot et le coq dans le filet. Quand j’ai enfin eu terminé, haletante et rougeaude, m’appuyant à mon filet à moitié détruit dans la poursuite, v’la ti pas qu’une poule encore en liberté passe en courant devant mon nez. J’ai vaguement articulé un « putain » mélangé à un rire jaune… poussin!
***
Aujourd’hui la camera t’aurait fait voir les larmes qui sont venues me chatouiller les globes oculaires alors que Brian et moi roulions pour aller chercher le pain invendu de la boulangerie du coin. Brian c’est le père de famille qui m’accueille chez lui avec sa femme Mandy. Je m’occupe de nourrir les animaux – de courir après eux aussi parfois – et de désherber le potager, en échange je loge et mange chez eux.
Bref, j’avais les yeux humides et j’ai ravalé discrètement le mini sanglot qui tentait de se faufiler entre mes dents.
Ça ne m’arrive pas souvent et d’ailleurs, on finit par s’habituer à la distance, l’absence de ses proches. On recrée des liens et on comble les manques affectifs au gré des rencontres. Je me sens la plupart du temps comme anesthésiée lorsque je pense à vous, à Clémentine, à mes proches eu Europe. La technologie nous fait percevoir la distance d’une façon complexe. Le contact, la connexion reste. Mais le vide entre nos bras, tes mains douces sur ma nuque et tes grosses bises claquantes sur ma joue, eux, ils sont plus là. Et depuis deux ans déjà. Et même si j’y prête pas attention au quotidien, il y a des moments de manque qui me prennent par surprise. Je disparais de la voiture pendant quelques secondes.
Je me vois petite grimper ce géant de maman que tu es. Escalader tes jambes, poser mes pieds sur les tiens, enlacer mes bras autour de ta taille et coller ma tête contre ton ventre. Et je ne te lâche plus jamais. Du moins pendant tout le temps qu’il te faut pour préparer le dîner. Car en marchant avec un boulet hilare accroché à tes mollets, tu continues de t’affairer dans la cuisine.
Je sais pas ce qu’il s’est passé. On discutait avec Brian puis un petit silence s’est installé et cette image là s’est incrustée dans ma tête. D’un coup comme ça, sans raison. Et l’absence de toi s’est faite si présente dans tout mon corps d’enfant, j’avais envie de chialer, de prendre le premier avion direction tes bras.
Je sais que c’est difficile pour toi. En plus de la distance, il y a l’attente. L’attente du retour. Enfin avoir tes deux filles avec toi pour Noël, pour des vacances en famille. Je sais que partout où tu vas, tu es fière de parler de nous, de raconter nos vies, nos choix, ces rêves que l’on accomplit. je sais aussi que tu es triste de ne pas nous voir plus souvent, de ne pas même savoir quand est-ce que tu nous verras la prochaine fois. Mais ça tu ne le diras pas, non, tu le garderas pour toi. Tu ne diras rien qui nous fasses culpabiliser, tu es simplement heureuse si on l’est. C’est tout ce qui compte à tes yeux. Et je me dis que j’ai une chance incroyable d’avoir une maman comme toi.
Les rires, les larmes, l’amour, en résumé la vie et cette capacité que tu as de raconter cela de façon admirable. Un régal de te lire
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Et par! Encore chialé en te lisant….mais j’avoue de rire pour la 1ère partie😂😂😂
C’est tellement drôle, je te voyais faire au milieu de cette ménagerie en folie ..🤣🤣
Et puis à nouveau la nostalgie de votre enfance et j’ai souris tendrement à l’image de toi accrochée à moi..😍😊
Oui je suis fière de te, de vous raconter auprès de mes proches, de mes amis, oui vous me manquez mais oui je préfère vous savoir heureuses même si c’est loin de moi.
Je t’aime ma bichette ❤❤
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Et paf! Encore chialé en te lisant….mais j’avoue de rire pour la 1ère partie😂😂😂
C’est tellement drôle, je te voyais faire au milieu de cette ménagerie en folie ..🤣🤣
Et puis à nouveau la nostalgie de votre enfance et j’ai souris tendrement à l’image de toi accrochée à moi..😍😊
Oui je suis fière de te, de vous raconter auprès de mes proches, de mes amis, oui vous me manquez mais oui je préfère vous savoir heureuses même si c’est loin de moi.
Je t’aime ma bichette ❤❤
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