Petit papa,
c’est mon rôle, c’est ma mission
de te protéger, de te défendre contre les attaques du monde.
Sur la pointe des pieds,
je me suis hissée et j’ai tendu mes bras
vers tes yeux pour les sécher.
Petit papa, pleure pas.
Faut pas pleurer, ça va aller.
Et les larmes roulaient de tes joues
pour tomber dans mes yeux,
se mêler à mes pleurs,
irriguer mes peurs.
C’était ma mission, mon unique besoin,
de te garder avec nous
et d’un unique sanglot te prendre par la main.
Petit papa,
c’était son rôle, son unique option.
Pas pleurer.
S’étirer encore plus haut que toi et moi.
Penser aux courses et aux dîners,
panser tes plaies et nous tirer.
Pas le choix. C’était sa seule raison.
Petit papa, pleure pas.
Faut pas pleurer, tu sais, ça va finir par s’arranger.
Petit papa,
il est temps maintenant,
qu’elle et moi,
on reprenne nos tailles,
les pieds au sol, les bras tendus vers nous-mêmes,
qu’on redevienne enfants.
Petit papa,
je te laisse recueillir les pleurs
qui dégringolent
en écrivant ces mots.
Je te rends ces peurs
en écrivant ces maux.
25 ans plus tard,
face contre le vent, cheveux dans les yeux,
la girouette se tranquillise.
Cap sur mon nord,
cape, je continue, sac sur le dos.
Entière et légère.
Vulnérable à nouveau.
C’est pas grave, je sens ton regard me réchauffer le dos.
Petit papa tu n’es plus, mais papa à jamais tu es.
Je sais maintenant que tu nous aimes plus que toi même.
Je peux y aller.

20.04.18 / dans les nuages entre Berlin et Riga